Contester un blâme en tant que fonctionnaire

Comme il a été indiqué dans de précédents articles, l’administration employeuse peut initiée une procédure disciplinaire à l’encontre d’un agent public pour le sanctionner d’éventuels manquements commis à ses devoirs et obligations.

Parmi, toutes les sanctions disciplinaires, figure le blâme. Il s’agit d’une sanction du premier groupe, soit parmi les plus faibles de l’arsenal disciplinaire.

Comprendre et contester un blâme dans la fonction publique : cet article détaillé expose la démarche à suivre par les agents publics. Je vous informe sur les recours possibles et le rôle du juge administratif dans la contestation des sanctions disciplinaires.

Je suis Me Erwan Sellier, avocat fonction publique, et je suis à votre disposition pour vous conseiller et vous défendre dans le cadre d’une procédure disciplinaire.

Introduction sur les sanctions disciplinaires

La notification d’une sanction disciplinaire sous forme de blâme peut soulever de nombreuses questions et préoccupations chez le fonctionnaire concerné. Ce moment est souvent source d’interrogation sur la marche à suivre et sur les droits dont dispose l’agent pour faire valoir son point de vue.

Le blâme, bien qu’étant une sanction disciplinaire relativement faible, n’en demeure pas moins une forme de réprimande officielle qui mérite attention et compréhension.

Cet article s’adresse à la fois aux administrations, responsables de la gestion des ressources humaines au sein de la fonction publique, et aux agents publics eux-mêmes, qui peuvent se trouver à devoir contester une telle sanction.

Nous allons aborder ici la nature de la faute pouvant donner lieu à un blâme, l’échelle des sanctions disciplinaires, de même que le cadre légal entourant l’inscription de ces sanctions au dossier administratif individuel de l’agent.

Nous évoquerons ensuite les différents recours possibles en cas de contestation d’un blâme et nous analyserons l’office du juge administratif dans ce contexte disciplinaire.

J’ai pour objectif de vous fournir des informations précises et des conseils pratiques pour naviguer à travers les textes réglementaires, avec l’espoir de démystifier la procédure et de clarifier le rôle de chaque partie prenante.

La notion de faute et l’échelle de sanction disciplinaire

Pour que l’administration employeuse s’estime fondée à infliger un blâme à un agent public, elle doit caractériser l’existence d’une faute professionnelle. Une faute se caractérise par un comportement de l’agent public qui contrevient aux obligations professionnelles inhérentes à sa fonction ou qui porte atteinte au fonctionnement ou à l’image du service public.

La faute peut être commise par le fonctionnaire dans l’exercice ou à l’occasion de ses fonctions, mais également en dehors de son travail si elle se rattache aux fonctions exercées.

Selon le degré de la faute commise, la sanction applicable à l’agent public doit être proportionnée. L’échelle des sanctions, régie par le code général de la fonction publique (art. L. 533-1), va de l’avertissement, la sanction la plus douce, à la révocation, la plus sévère. Le blâme se situe au-dessus de l’avertissement et en dessous de l’exclusion temporaire de fonctions d’un à trois jours.

L’administration doit bien évidemment apporter des preuves tangibles de la faute et de respecter la procédure disciplinaire avant d’infliger une sanction.

Soulignons qu’en matière de sanction disciplinaire du premier groupe (avertissement, blâme, exclusion temporaire de fonctions pour une durée maximale de trois jours), la collectivité territoriale n’a pas à saisir le conseil de discipline pour avis.

L’impact du blâme sur le dossier de l’agent public

Dans la fonction publique, le blâme se trouve inscrit au dossier individuel de l’agent pour une durée de trois ans. Au terme de ce délai de trois ans, le blâme est automatiquement effacé du dossier de l’agent, si aucune sanction n’est intervenue pendant cette période.

Cette sanction disciplinaire laisse donc une trace susceptible d’affecter la carrière ou la réputation de l’agent à moyen terme.

Surtout, dans l’hypothèse d’une nouvelle faute de l’agent, l’existence d’un blâme dans son dossier individuel peut justifier que l’administration employeuse fasse preuve d’une sévérité plus importante.

En effet, l’employeur peut considérer que l’agent n’a pas appris de ses erreurs et que le blâme précédemment infligé ne lui a pas servi de leçon.

Juridiquement, l’existence d’une première sanction disciplinaire peut justifier que l’administration soit plus sévère à l’occasion de nouveaux manquements commis par l’agent (CAA Douai, 10 novembre 2021, n°20DA00964).

Ainsi, même s’il s’agit d’une sanction relativement faible et sans conséquence sur le plan indemnitaire, l’agent public doit prendre des mesures proactives en réponse au blâme.

C’est la raison pour laquelle il doit être informé des recours à sa disposition.

Les différents recours et contestations possibles contre un blâme

Un agent public dispose de plusieurs voies de recours : le recours administratif, sous forme d’un recours gracieux ou hiérarchique.

Il s’agit alors de notifier, par lettre recommandée avec accusé de réception, un courrier indiquant les raisons de droit et de fait pour lesquelles vous contestez le blâme qui vous a été notifié.

Ce recours doit parvenir à l’autorité territoriale dans un délai de deux mois à compter de la notification de la sanction disciplinaire.

En cas de rejet du recours administratif ou si vous souhaitez saisir directement le Tribunal, il faut former un recours contentieux devant le Tribunal administratif.

Les agents doivent respecter les délais pour agir, sous peine d’irrecevabilité du recours, et se munir d’une bonne documentation et d’une argumentation solide pour que le recours soit pris en considération et qu’il aboutisse.

L’office du juge administratif en matière de sanction disciplinaire

Le juge administratif est investi d’une mission de contrôle de légalité des décisions prises par l’administration. Si un agent décide de saisir le tribunal administratif, il doit présenter une requête qui conteste la légalité de la sanction. Le juge administratif ne se substitue pas à l’administration en matière d’appréciation des fautes mais s’assure que la procédure suivie est régulière et que les droits de l’agent sont respectés.

Surtout, il exerce un contrôle de proportionnalité de la sanction disciplinaire. Il analyse donc sur la sanction est proportionnelle aux faits reprochés à l’agent (CE, Assemblée, 13 novembre 2013, n°347704).

Le juge se plonge donc entièrement dans le dossier, reprend l’ensemble des documents soumis par les parties pour évaluer si les manquements sont établis et s’ils justifient ou non la sanction disciplinaire prononcée par la collectivité territoriale.

Conclusion et recours à l’avocat en droit public

Si le blâme est une sanction relativement faible et sans conséquence sur le plan indemnitaire, celle-ci est inscrite au dossier individuel de l’agent et laisse donc une trace à court et moyen terme pour sa carrière

L’agent dispose de droits et de garanties et peut former un recours contre cette sanction disciplinaire.

Le contrôle entier du Tribunal administratif saisi permet à l’agent de disposer d’un regard neuf sur son dossier. Du côté de l’administration, cette possibilité de recours conduit à la prudence et la vigilance.

Me Erwan Sellier, avocat sanction disciplinaire, dispose d’une expérience et d’une compétence spécifique en matière de droit de la fonction publique. Il sera à même de vous conseiller et de vous défendre en cas de sanction disciplinaire.

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